L'exemple de La HUNTER VALLEY EN AUSTRALIE
(Là où la Vigne et l’œnotourisme ont commencé)
Le New South Wales est la deuxième région productrice d’Australie. Parmi les sous-régions comme Griffith (la moitié de la production de la région), Mudgee, Orange, Canberra District, c’est la Hunter Valley, qui est la plus connue car historiquement elle est liée à l’implantation de la vigne sur tout le continent.C’est en effet en 1788 que les premiers plants de vigne arrivent avec les premiers colons. Arthur Phillip, officier anglais, pionnier de l’installation en Australie y établit le premier vignoble commercial en 1817 et produit environ 900 hectolitres de vin par an dès 1827. En 2010 la Hunter Valley compte 4 500 hectares de vigne. Située en Nouvelles Galles du Sud, à proximité de Sydney, la Hunter Valley bénéficie d’un climat semi-tropical, caractérisé par des températures caniculaires et d’importantes précipitations de janvier à avril. La région est réputée pour son Sémillon à faible degré (9°) et au fort potentiel de vieillissement.
1964-2014 : 50 ans d'oenotourisme
C’est aussi dans la Hunter Valley que l’oenotourisme en Australie a pris forme. Dans les années soixante (63/64) les vignerons perçoivent le besoin d’ouvrir des boutiques dans leurs wineries afin de satisfaire les besoins des premiers touristes qui viennent déguster et qui veulent cultiver leurs connaissances sur le vin. C’est aussi vers cette époque que lors des plantations on commence à signaler au bord des vignes le nom du cépage planté. Jusque dans les années 80, le vin en vrac constituait la part principale de la production australienne. La tendance s’est inversée et depuis les producteurs ont œuvré pour améliorer la qualité du vin et conquérir de nouveaux marchés. Le sémillon et la syrah y ont acquis leur lettres de noblesse : « Le Semilon de la Hunter et la Shiraz sont une chose qui n’a pas d’équivalent en aucune autre région » dixit Anthony Gismondi et « le Semillon de la Hunter Valley est l’unique cadeau de l’Australie au vin du monde » selon Jancis Robinson.
C’est ce qu’on nous a expliqué au Domaine Lake’s Folly Wineyards à Pokobin qui se targue d’être le premier domaine à avoir ouvert en 1963 une boutique de tourisme avec aussi des Cabernets plantés à cette époque et des Chardonnay de 1969.
Tourisme et vin
Avec le temps le tourisme s’est développé et autour de la ville de Cessnock qui est un point de départ pratique pour aller à la découverte ce ne sont pas moins de 140 domaines qui peuvent accueillir le touriste. Il faut dire qu’à l’image du continent on n’a pas fait les choses à moitié ! Ici tout est grand. Tout d’abord au départ arrêt au Centre d’information des visiteurs de la Hunter Valley qui, depuis 1975, informe sur tout ce qui se visite, se déguste et a un rapport avec le vin dans la Région. Un office de Tourisme sur le Vin aussi vaste qu’un supermarché, avec tous les domaines présents par leurs cuvées et de la documentation sur toutes les activités et animations de la Région
VISITE DES DOMAINES
Puis il faut aller ensuite à la visite des domaines, tous plus grands et beaux les uns que les autres avec des caveaux de dégustation de la taille d’un hall d’aéroport, avec des vignerons présents sous les portraits de leurs ancêtres, fiers de leur tradition et des vins qu’ils vous font goûter avec la forte conviction de faire le meilleur vin du monde ( y compris le champagne !). En Australie, il est indispensable d’irriguer pour produire du raisin. Les vignobles sont irrigués essentiellement par des systèmes de goutte-à-goutte. C’est pourquoi chaque domaine possède son lac de rétention d’eau qui sert aussi d’aménagement paysager et de lieu de balades parfois artistiques (sculptures). L’irrigation permet de maintenir la végétation et de réguler les rendements, mais également d’améliorer la qualité du raisin. De nombreux domaines possèdent un restaurant sur place avec en plus du caveau des boutiques et des fois un hôtel, quand ce n’est pas un village tout entier en miniature. Ce sont de vraies destinations touristiques à eux tout seuls !
Quant aux dégustations elles sont soignées, originales et à la demande du client , toujours avec le sourire, on a toujours l'impression de rendre service en dégustant le vin du vigneron et si en plus on l'apprécie c'est le bonheur pour lui. Tout est mis pour vous mettre à l'aise et vous permettre de faire votre choix , comme ces sets de dégustation ( photo)
Ça c’est pour le vin mais cela serait un peu juste pour attirer du monde et dégager un tant soit peu de rentabilité.
ACCUEIL ET ANIMATION
Et là où l’oenotourisme est le plus développé ici c’est dans l'accueil, la communication et l’événementiel.
N’oublions pas que la Hunter Valley n’est qu’à 120 kilomètres de Sydney. A Sydney tout est prévu pour vous amener ici. Train, bus, avion, circuits organisés « clés en main » d’1,2 ou 3 jours , il y a l’embarras du choix. La Hunter Valley est devenue une destination à la mode reconnue ( 9° des 10 meilleures destinations mondiales –USA Today 2014*). Il est en effet de bon ton dans la société de Sydney de se marier, de fêter un anniversaire ou une réussite par l’organisation d’une manifestation dans l’un des magnifiques hôtels de la région ou dans les chais. On est sûr, en plus, de trouver sur place des dégustations de vin mais aussi de chocolat ou de fromage très organisées, des cours de dégustation, de cuisine, des concours de golf , des festivals de musique , de la country au classique en passant par l’Opéra et le Jazz qui sont devenus des références nationales , drainant des festivaliers par milliers qui n’ont pas à chercher bien loin ce qu’il leur faut boire. En 4 mois de la saison ( mars-juin) on peut compter près de 30 manifestations – certaines sur plusieurs jours ou semaines : de l’exposition au festival de chocolat, du marché des produits artisanaux au salon de la caravane ou celui du bateau ou de la pêche…. Des galeries d’art (sculpture, peinture) par dizaines , tous les sports ( golf, cheval, tennis, etc..) peuvent être pratiqués, du bien-être, spa, piscine, massage tous les désirs peuvent être comblés sur place.
Oenotourisme en Australie
Chaque
année des millions de touristes visitent une winery en Australie (2.5 millions en 2009).
Ce chiffre est en croissance régulière de 2 à 5% par an depuis 10 ans. Le
chiffre d’affaire global lié à l’oenotourisme est estimé à plus de 7 milliards
de dollars. Pour les 10% des plus de six
millions de touristes étrangers (en 2011), cette visite constitue une escale incontournable de tout voyage tant le vin est associé à l’Australie. Les visiteurs
internationaux dépensent d’ailleurs plus que
les australiens. Ce tourisme international est
dominé par le Royaume-Uni, les USA et les
voisins néo-zélandais. Les régions les plus populaires pour les touristes internationaux sont la Hunter Valley du
fait de la proximité de Sydney (21% des visites),
Margaret River (16%), la Swan Valley (15%), la
Yarra Valley (13%) et la Barossa Valley (11%).
Pour les touristes australiens qui
représentent 1.8 millions de visiteurs, les régions
privilégiées sont la Hunter Valley (16% des visites) Margaret River (16%) et la
Barossa Valley (7%). En matière d’infrastructure pour recevoir les touristes,
sur les 2400 «wineries» du pays en 2010, 1650 possédaient un caveau de vente,
500 un restaurant et 200 des possibilités d’hébergement. **
LE MODELE AUSTRALIEN
Quand on voit ce que l’Australie arrive à proposer en oenotourisme dans un pays dont l’histoire où le vignoble n’a que 200 ans on imagine ce que la France pourrait proposer avec son histoire (et son patrimoine) doublement millénaire et celle du vin aussi. Pour atteindre une telle offre on se doute bien que d’importants capitaux ont été engagés. Ne serait-ce que le bâti avec des milliers de mètres carrés d’espace de dégustation, de commerces, de restauration, de musées, qui a un coût élevé. Et c’est là que le modèle australien doit être étudié. En effet grâce à des incitations fiscales, la mobilisation de financements publics ou privés a été un point fort pour la filière australienne. Elle a comme conséquence d’intéresser les investisseurs privés (fonds de pension, cabinet d’avocats, investisseurs immobiliers privés et institutionnels).
A quand en France l’incitation à investir dans le vignoble autrement qu’en achetant quelques pieds de vigne ?
M.Olivier